Héraldique et aviation
Robert Louis (1902-1965) est un nom que tous les héraldistes connaissent... Et pour cause : dessinateur-héraldiste, il élabore de 1943 à 1965 avec un talent inégalé un très grand nombre de blason de villes, départements et provinces. Tous les Français - et je dis bien tous - qui ont autour de mon âge le connaissent, sans le savoir... Ses productions ont été reprises par la Poste pour une série de timbres très communs représentant ces fameux blasons.
Mais ce qui nous intéresse aujourd'hui, ce sont trois blasons originaux qui allient héraldique et modernité, tout en témoignant, si tant est que ce soit encore utile, de la science consommée de l'intéressé. Trois villes franciliennes marquées par l'aviation ont eu le bénéfice de ses travaux :
Orly, au sud de Paris, constitue le second grand aéroport de la capitale historiquement parlant, après Le Bourget et avant Roissy.
Robert Louis en trace le blason suivant ...
... qui se blasonne "d'azur à un chevron d'argent orlé d'or chargé de cinq avions de sable posés en pal".
Issy les Moulineaux est maintenant une commune totalement insérée dans l'agglomération parisienne. Aussi, son activité aéronautique s'est recentrée depuis le milieu du siècle dernier sur les voilures tournantes, le terrain devenant l'héliport principal de la capitale. Mais auparavant, nombre de pionniers de l'aviation (Farman, Chavez, Legagneux...) ont décollé et atterri de ces terrains dégagés, des essais d'avions cargo militaires à atterrissage et décollage courts ayant même lieu dans les années 50 :
Notre héraldiste national en a dessiné le blason suivant ...
... qui se blasonne "d'azur au sautoir d'or cantoné aux flancs et en pointe de trois moulins d'argent ouverts de sable et au chef, d'un aéroplane également d'argent posé en pal". L'auteur trace ici un évident blason parlant, tout en évoquant le passé aéronautique riche de la ville.
Enfin, last but not least, Le Bourget, au nord-est de Paris, fut longtemps le haut-lieu parisien de l'aviation, tant militaire que commerciale, et n'a pas manqué de se voir doté d'un blason très évocateur.
Devenu l'aéroport de l'aviation d'affaires de la capitale et ayant reporté son trafic "passagers" vers Roissy et Orly, son blason est toujours d'actualité, avec pour blasonnement "de gueules à trois vol d'or à une étoile du même brochant en coeur, le chef d'azur à un huchet églement d'or" :
Le cor évoque très certainement la Poste aérienne qui connut ses heures de gloire dans l'entre-deux-guerres sur ce terrain, alors que les trois étoiles ailées rappellent les différents utilisateurs du terrain : l'aviation civile, l'Aéronautique militaire puis l'Armée de l'air, l'Aéronautique navale.