Les villes d'Afrique du Nord ...

... ont reçu des armoiries durant la présence française, au même titre que les villes de métropole, que ce soit en Algérie (répartie en départements français à part entière), au Maroc et en Tunisie (territoires sous protectorat français). Marseille a toujours été la principale porte d'entrée de ce que fut l'Empire colonial français, et plus particulièrement de l'AFN, et il est naturel qu'elle en porte encore les traces aujourd'hui. Un bel immeuble situé à l'angle de la Place Gabriel Péri et de la Rue Reine Elisabeth, tout proche du Vieux-Port et du Palais de la Bourse, affiche encore les armoiries de villes d'Afrique du nord, sur sa façade.

En rouge, les deux façades où sont visibles les armoiries (photo Google Earth)

Ces armoiries sont aujourd'hui recouvertes d'une peinture blanche, impossible de savoir si elles étaient colorées. C'est par ailleurs peu probable, dans la mesure où des hachures y représentent émaux et métaux, selon les conventions héraldiques. La raison de la présence de ces motifs décoratifs m'est inconnue et, malgré mes recherches, j'en suis encore à supposer le siège d'une probable société commerçant avec l'AFN, par exemple... Levons la tête et admirons ...

Alger était incontournable dans cette galerie, et porte des armoiries assez alembiquées :"tiercé en barre au un d'azur à un vaisseau trois-mats sommant un croissant posé en bande, les deux d'argent, au deux d'or à un lion contourné de gueules poignant un globe de la patte senestre, au trois de sinople à une gerbe de blé d'or, un écusson de gueules à une croisette d'argent brochant au chef senestre." On notera, d'ailleurs pour chaque armoirie, de petites différences avec l'illustration coleur "officielle"...

Les armoiries de Bone (actuellement Annaba) ont également été simplifiées par le sculpteur : l'azur (hachures horizontales) occupe tout le champ de l'écu, alors qu'on devrait lire : "d'azur à une nef antique d'or équipée d'argent vogant sur une mer de sinople, un lion couché de tanné issant de dextre et terrassé du même, brochant, le chef de gueules à un rameau de sinople fruité également de gueules".

Celles de Constantine sont plus classiques et du coup, identiques tant sur le bâtiment que sur le papier : "coupé d'azur et de gueules, un poisson d'argent posé en pointe sommé d'un chevron du même brochant la partition".

Oran affiche des armoires plus complexes que celles d'Alger, à savoir : "écartelé au un de gueules à un coq d'argent posant une patte sur besant du même, au deux d'argent à une nef équipée du même, au trois de sinople à un croissant d'argent posé en bande sommé d'une étoile du même, au quatre écartelé au un et quatre de gueules à une tour crênelée d'or, maçonnée et ouverte de sable, au deux et trois d'or à un lion de gueules, le chef de l'écu semé de France". Curieusement, le "semis de France" a fait place à trois étoiles, la fin de la royauté n'y étant pas pour rien, peut-être...

Tunis, contrairement aux autres villes, a repris un élément de symbolique locale sur ses armoiries, bien qu'il en existe d'autres tout à fait différentes : on y voit, très simplifiée, la bannière du Bey de Tunis, dont le mat est surmonté d'un croissant. Elles se lisent, sur la version sculptée : "de gueules à une bannière beylicale d'argent posée en pal et sommée d'un croissant du même", alors que l'emblème aurait dû être "coupé de gueules et de sinople" et chargé d'un cimeterre d'argent posé en fasce.

Tanger, enfin, se contente d'être "de gueules à deux croissants adossés sommés d'un troisième posé en fasce, les trois d'argent".

Images des armoiries de Constantine, Oran et Alger : blog de Hubert Zakine ; Image des armoiries de Tunis : blog de Herald Dick.